Installé dans les Hauts-de-France et en région parisienne, le groupe Techniphoto emploie 275 salariés pour un chiffre d’affaires de 42 millions d’euros. Il compte cinq imprimeries, Nord’Imprim, l’Imprimerie Jean Bernard, l’Imprimerie Monsoise, Numeri Print et Sopedi, un atelier de façonnage, un atelier de routage et Technicom, une plate-forme qui propose des solutions graphiques en ligne. Les imprimeries du groupe se distinguent par leur typologie de clients, les formats de machines utilisés et le volume des tirages mais sont complémentaires. Trois d’entre elles se sont engagées dans la démarche Print Ethic. Nord’Imprim a été labellisée au premier niveau en 2020, suivie par Sopedi en 2022. La troisième, l’Imprimerie Monsoise, est en cours de labellisation.
Entrée chez Nord’Imprim en 2000, comme assistante commerciale, Vanessa Cuer Delassus a été promue responsable QSE (Qualité sécurité environnement) en 2009, à l’issue d’un changement de gouvernance. La nouvelle direction souhaitait alors s’engager dans le développement durable. Depuis, Vanessa Cuer Delassus pilote la démarche RSE pour les entreprises du groupe.
Print Ethic : Pourquoi votre groupe s’est-il lancé dans la démarche Print Ethic ?
Vanessa Cuer Delassus : Tout a commencé chez Nord‘Imprim, notre imprimerie de Steenvoorde (59), qui a toujours joué un rôle de précurseur dans le groupe. Nord’Imprim est située au pied des Monts de Flandres, dans un cadre privilégié qui crée un lien positif avec l’environnement. Les salariés, qui sont issus de la région, y sont très sensibles et l’écologie est au cœur de la stratégie de l’entreprise depuis des années.
Nord’Imprim a ainsi obtenu la marque Imprim’Vert en 2007, puis les certifications FSC, PEFC, ISO 9001 et ISO 14001. Enfin, elle a été évaluée selon la norme ISO 26000 qui couvre un champ bien plus vaste : l’environnement, bien sûr, mais aussi les collaborateurs et les parties prenantes. Ce sont eux que nous voulions mettre en avant et dont nous voulions reconnaître l’engagement. Print Ethic était la suite logique de cette démarche avec deux objectifs prioritaires : développer le capital humain autour d’un projet fédérateur, en renforçant les compétences, la motivation et l’engagement de l’équipe ; gagner un avantage commercial en répondant aux attentes de nos clients en matière de RSE et en favorisant des relations plus partenariales et durables.
P.E : Pourquoi avez-vous choisi Print Ethic alors qu’il existe des solutions alternatives ?
V.C.D : Print Ethic est un label de branche, spécifique aux Industries graphiques, facilement accessible à une PME, et progressif. La démarche est organisée par petits groupes d’entreprises, ce qui facilite les échanges sur les problématiques communes et le partage des bonnes pratiques. Mais surtout, nous sommes formés et accompagnés. La formation méthodologique apportée au référent RSE de l’entreprise offre tous les outils nécessaires pour bien démarrer et piloter la démarche. Si j’ai une question, j’ai très vite une réponse. Et, tous les mois, je peux échanger avec les autres référents dans le cadre de webinaires thématiques. Enfin les formations, l’accompagnement et la labellisation sont financés par les fonds mutualisés de la branche.
P.E : Comment s’est déroulée la labellisation chez Nord’Imprim ?
V.C.D : Sans difficultés particulières car c’était une démarche volontaire. La direction était partante et les collaborateurs ont été consultés. Ils ont d’autant plus facilement adhéré au projet qu’ils ont l’habitude de travailler ensemble sur des projets communs. Ce mode de fonctionnement fait partie de la culture de l’entreprise.
Le plus difficile a été de dégager du temps. Bloquer une journée avec l’ensemble des collaborateurs est assez compliqué. La production reste prioritaire car la finalité d’une entreprise, c’est de gagner de l’argent.
P.E : Nord’Imprim a été labellisée au premier niveau en 2020. Quels bénéfices en avez-vous tiré ?
V.C.D : Quand nous expliquons notre démarche à nos clients et à nos fournisseurs, les retours sont très positifs. Avec nos clients, les contacts sont meilleurs et les relations plus fluides. Nous sommes plus facilement référencés et bien placés sur les appels d’offre où une note évalue l’engagement de l’entreprise dans la RSE. C’est important, particulièrement pour répondre aux demandes des collectivités territoriales.
Nos fournisseurs sont aussi très sensibles à notre démarche et essaient de nous apporter des solutions écologiques. En règle générale, nous choisissons des fournisseurs qui partagent nos valeurs.
Enfin, nous sommes plus attractifs pour les jeunes. Notre secteur souffre d’une image plutôt négative et les imprimeurs ont du mal à recruter. Aujourd’hui, les jeunes sont très sensibles aux enjeux de la RSE. Grâce à notre engagement dans Print Ethic, nous pouvons faire la différence et nous avons des résultats concrets à leur montrer.
P.E : Votre engagement dans Print Ethic a-t-il changé le quotidien des salariés ?
V.C.D : Print Ethic a incontestablement joué sur l’ambiance de travail. La hiérarchie est plus à l’écoute des besoins et des attentes des salariés. Ils se sentent impliqués et reconnus et chacun a trouvé sa place dans cette démarche commune.
Ce qui nous a incités à poursuivre. Après Nord’Imprim, c’est Sopedi qui vient d’être labellisée au premier niveau. Le processus est en cours à l’Imprimerie Monsoise et les autres unités du groupe vont suivre. Je compte sur un effet « boule de neige » pour diffuser les bonnes pratiques. Et je sais que les salariés échangent sur les bénéfices que notre démarche RSE a déjà apportés.
P.E. : Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui voudrait se lancer ?
V.C.D : La démarche doit être volontaire et impliquer tout le monde. On ne se lance pas dans la RSE pour être labellisé, avoir un beau diplôme ou faire plaisir aux clients. Il faut l’envisager comme un projet fédérateur qui donne envie. La direction doit impulser la démarche mais ne doit pas vouloir la porter seule. Elle doit savoir mobiliser l’équipe et trouver des relais parmi les salariés.
Enfin, une démarche RSE ne répond pas à toutes les attentes et ne résout pas tous les problèmes. Il faut rester dans la limite du raisonnable.